Le chauffage au bois

On entend parfois des choses contradictoires en ce qui concerne le chauffage au bois. D’une part il est neutre pour le réchauffement climatique puisque le carbone qu’il produit (sous forme de CO2) correspond à celui que le bois a stocké pendant sa croissance. Mais d’autre part il est une source parfois importante de pollution. Qu’en est-il vraiment ?

En fait si le bois est brûlé dans de bonnes conditions, ce qui est par exemple le cas des bons poêles à pellets correctement entretenus, il n’émet pratiquement que de l’eau et du CO2 et est donc très peu polluant. Par contre, quand il est brûlé à trop basse température, ce qui est le cas par exemple des feux ouverts, alors la combustion n’est pas complète et produit différents types de polluants atmosphériques, notamment des particules fines (responsables de maladies respiratoires et cardio-vasculaires) et des produits cancérigènes tels que des dioxines, du benzène, etc. Tous ces polluants vont se déposer dans votre jardin… et dans ceux des voisins. Plusieurs études ont notamment montré que les œufs de poules des particuliers contiennent souvent plus de dioxines que ceux du commerce. Ce n’est certainement pas une raison pour arrêter de consommer les œufs de nos chères poulettes, mais plutôt une bonne raison pour réduire cette pollution.

Il faut d’ailleurs signaler qu’elle provient également en grande partie des feux de jardins, qui sont extrêmement polluants parce que dans ce cas, non seulement la combustion se fait dans de mauvaises conditions (notamment une température trop basse) mais en plus le bois et les feuilles contiennent encore beaucoup trop d’humidité pour brûler correctement. Même s’ils sont autorisés dans notre commune à moins de 100 m des habitations, c’est donc une pratique qu’il faut absolument proscrire, d’autant plus qu’il est possible de porter ses déchets verts au parc à conteneurs depuis plusieurs années déjà.

Et les poêles à bois ? Cela dépend de nombreux facteurs. La Région wallonne a lancé récemment une campagne de sensibilisation « la maîtrise du feu », qui a  été relayée par la Commune de Villers dans le bulletin communal de janvier 2023. Malheureusement, la liste des 22 conseils fournis est assez rébarbative. Par contre, les vidéos consultables sur le site de la Région wallonne sont très bien faites et méritent d’être visionnées. Pour simplifier les choses, on peut résumer la situation de la façon suivante : s’il n’y a pas de fumée, c’est bon; par contre dès qu’il y a une fumée épaisse de couleur gris-bleu, il y a de la pollution dans l’air. Précisons qu’il est par contre normal d’avoir une légère « fumée » blanche qui sort de la cheminée, c’est en fait essentiellement de la vapeur d’eau qui se condense au contact de l’air froid.

Prenons un exemple concret : l’allumage du poêle. Nous avons tous appris à utiliser du papier journal, sur lequel on place du petit bois, et enfin les bûches au-dessus. Eh bien on a tout faux. La preuve, ça produit énormément de fumée épaisse. La bonne méthode, qu’on appelle la technique du « feu inversé », c’est de placer les bûches en-dessous, le petit bois au-dessus, et de placer un allume-feu écologique sur le petit bois. S’il n’y a pas assez de place on peut aussi mettre les bûches à côté du petit bois. Essayez, vous constaterez par vous-mêmes qu’à aucun moment les flammes ne produisent de fumée. L’explication est la suivante : avec la méthode traditionnelle, les flammes attaquent le bois encore froid et humide, ce qui provoque une combustion incomplète, et donc des gaz imbrûlés, autrement dit de la fumée. Par contre, avec la technique du feu inversé, comme les flammes se propagent de haut en bas, le bois commence pas chauffer et sécher et ne s’enflamme que quand il est « mûr » pour brûler correctement. Et même si la combustion n’est pas tout à fait complète, les gaz imbrûlés vont devoir traverser les flammes supérieures avant de gagner la cheminée, ce qui va compléter leur combustion. Si ça ne fonctionne pas, c’est que le petit bois n’est pas coupé assez finement ou pas assez sec, ou encore que les bûches sont trop grosses ou trop humides. Vous verrez qu’avec un peu d’habitude, ça fonctionne très bien.

Autre exemple concret : souvent le poêle à bois est trop puissant, et donc on le fait fonctionner au ralenti, dans de mauvaises conditions de combustion. Mieux vaut donc acheter un poêle le plus petit possible, ou bien le faire fonctionner à fond pendant des périodes plus courtes.

De même, quand on recharge le poêle, si on le fait quand il y a encore beaucoup de flammes, cela signifie que les nouvelles bûches vont commencer à brûler alors qu’elles sont encore trop froides et humides. Par contre, si on le fait quand il n’y a plus que des braises à une température trop basse, la combustion va commencer par une production importante de fumée avant que les flammes ne reviennent. Il faut donc recharger au bon moment, avec ni trop ni trop peu de bûches.

D’autres éléments importants sont bien sûr la qualité du bois et du poêle utilisés. De nouveau, le critère le plus probant est de regarder ce qui sort de la cheminée : une légère « fumée » blanche (c’est-à-dire en réalité de la vapeur d’eau) signifie que la combustion est correcte, par contre une épaisse fumée foncée signifie qu’elle ne l’est pas.

En suivant ces quelques conseils, il est donc tout à fait possible de réduire fortement la pollution causée par le chauffage au bois. Et cerise sur le gâteau, la vitre de votre poêle restera propre et vous réduirez le risque de feu de cheminée. En effet, une mauvaise combustion provoque aussi des dépôts de goudrons très tenaces dans le conduit de cheminée, qu’il est parfois impossible d’éliminer par ramonage. Dans ce cas, le risque est très réel de déclencher un feu de cheminée dont les conséquences peuvent être  catastrophiques.

 

 

 

 

 

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